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dimanche 23 août 2020

Le magasin à grains - Delamotte - Emile Cotto Tinténiac

Le magasin à grains

Delamotte - Dumesnil - Chantrel - Cotto




Le blé a toujours fait l’objet d’une attention particulière des dirigeants français.

Au Moyen-Âge la dîme consistait à prélever environ un dixième des récoltes agricoles pour les confier à l’Église afin d’anticiper des années de mauvaises récoltes. Le blé était plus particulièrement visé par ces précautions qui en disent long sur l’importance de cette céréale pour la sécurité alimentaire de la population.



Le 4 mai 1812, un décret impérial rétablissait des mesures classiques de police des grains : la déclaration obligatoire des réserves par les cultivateurs et les détenteurs de blé, ou l’interdiction de la vente hors marché. Le 8 mai, un deuxième texte ordonnait que soit fixé un prix-plafond pour toutes les transactions, variable selon les départements, mais en rapport avec un prix de référence valant pour les terres à blé du pourtour de Paris.


On attribue en général cet épisode de la politique économique de la France impériale, à une inspiration purement tactique de Napoléon, soucieux d’éviter des troubles sociaux sur ses arrières au moment où il partait pour la campagne de Russie. Le ravitaillement de l’armée avait moins d’importance qu’en l’an II. La France de 1812 était encore en position hégémonique en Europe continentale, et la Grande Armée pouvait se servir ailleurs, en ponctionnant les productions céréalières des États alliés ou vassalisés du grand Empire
Le commerce du grain restera donc réglementé...


Situé au bord du canal d'Ille et Rance, le magasin à grains est une construction en bois construite sur un vide sanitaire. Le bardage est constitué de planches de résineux s'appuyant sur une charpente de type hangar agricole. Composé de trois parties, la plus anciennes a été construite à la fin du XIXe siècle. 

Comme on peut le voir sur d'anciennes cartes postales, plusieurs hangars s'étalaient du pont à l'actuel musée. Certains ont servi de lieux de stockage jusque dans les années 1970.



Le site était fréquenté par les laveuses avant que ne soit construit le lavoir au-delà du bâtiment du magasins à grains. Elles pouvaient venir chercher l'eau de refroidissement du moteur du moulin juste derrière elles. Elles nommaient cet emplacement le "pertuis chaud".

Dans les années 1920 la partie centrale a permis d'agrandir le bâtiment avec un plancher pour permettre le séchage des grains et faire descendre le taux d'humidité. Enfin à l'extrémité la partie la plus récente date des années 1980.

Canal ou voie ferrée le combat s'engage avant que n'arrivent les camions.

Extraits de délibérations du conseil municipal de Rennes



Rennes 20 septembre 1857
La concession d'un réseau de trois lignes autour de Rennes est attribuée en 1896 à la Société Française de Chemins de Fer à Voie étroite représentée par Monsieur Faliès. Ce dernier crée une nouvelle société La Compagnie des Tramways à Vapeur d'Ille-et-Vilaine qui devient concessionnaire du réseau.

La ligne Rennes (Croix-Mission) - La Mézière - Saint-Malo (79km), a été ouverte en 1901 et fermée en 1950



Delamotte a installé son magasin face à la gare et installé le magasin à grains sur l'autre rive du canal.



L'inauguration du premier tronçon du tramway Rennes - Tinténiac aura lieu le 8 septembre 1901 avec l'organisation d'un concours de pêche.




En observant attentivement la carte postale de la gare de Tinténiac, sur la gauche, apparaissent les magasins de Delamotte. L'inscription est toujours visible aujourd'hui.


l'ancien magasin Delamotte aujourd'hui maison d'habitation
photo JM Bergougniou

l'ancien magasin Delamotte aujourd'hui maison d'habitation
 photo JM Bergougniou

l'ancien magasin Delamotte aujourd'hui maison d'habitation
photo JM Bergougniou

Sur les quais sont entreposés du bois et divers matériaux, des wagons sont stationnés en surplomb des quais à hauteur de la gare. On peut aussi remarquer que le quai du port se prolongeait bien au-delà de son emplacement actuel, presque jusqu'au niveau du pont.





Dans plusieurs numéros du bulletin paroissial une page de publicité est réservée au négociants de Tinténiac. Plusieurs marchands de grains y apparaissent donc Delamotte (Epicerie - quincaillerie -grains - bois du nord - matériaux de construction), Dumesnil (bois et ardoises mais aussi grains). Delamotte avait pour numéro de téléphone le 2 à Tinténiac.


On découvre aussi une fabrique de cordages en chanvre tenu par Joseph Flaux.




Le magasin à grains sera tenu jusqu'en 1978 par Emile Cotto puis par la Coopérative agricole de Rennes.




plaque des établissements Cotto -  photo JM Bergougniou


Grâce à Colette et Isabelle Cotto nous avons quelques images du magasin à grains en activité. Ces photos ont été prises le 15 août 1978 lors de la dernière saison d'activité.



Nous avons aussi des bordereaux d'achat de maïs à deux agriculteurs de Tinténiac : M. Houitte à Ligandière et M. Vallée au Pavé.









Sur cette photo du magasin (1978) deux tracteurs viennent décharger. Rentrée en marche arrière, la remorque pourra être déchargée dans la trémie.

Le magasin à grains - déchargement des remorques - collection Cotto-Briot

Il est prélevé des échantillons de grains dont l'humidité sera mesurée sont prélevé lors du déchargement.
Pour assurer leur bonne conservation, il est important de récolter des céréales propres et sèches. Et une fois stocké, le grain chaud doit ensuite être refroidi rapidement.

Le magasin à grains - la trémie et prélèvement - Emile Cotto père et fils collection Cotto-Briot

Plus le lot de céréales est propre et homogène, mieux il se conserve. Des tiges ou verdillons humides dans une masse de grains secs peuvent provoquer une réhumidification locale et donner naissance à un point chaud, qui entraîne une perte de masse et de qualité et déprécie la valeur du lot. Les grains abîmés sont une aubaine pour les insectes. Limiter leur nombre constitue déjà un premier pas pour contenir les populations. 

Le magasin à grains - séchage - Emile Cotto fils - collection Cotto-Briot

Une fois stocké, le grain chaud provenant du champ doit être refroidi très rapidement. Pour ce faire, deux types de matériel, adapté au stockage à la ferme, existent : la ventilation par soufflerie, ou système en pression, qui envoie de l’air dans le tas du bas vers le haut, et la ventilation par aspiration, avec les colonnes, qui fonctionnent en dépression. Avec ces dernières, le refroidissement se fera du haut du tas vers le bas.

Le magasin à grains - nettoyage- Emile Cotto fils
 - collection Cotto-Briot

Pour que le refroidissement soit performant techniquement et économiquement, il faut déclencher la ventilation quand l’écart de température entre le tas et l’air ambiant atteint 10°C avec une ventilation par soufflerie. Le respect de cet ordre de grandeur d’écart et une ventilation rapide après la moisson en s’assurant que l’air sorte bien du bâtiment (pas de recyclage d’air tiède et humide) diminuent les risques de condensation. Il est donc nécessaire de mesurer la température des céréales, à différents endroits du tas avec des sondes de thermométrie.


le pont bascule - Emile Cotto père -
collection Cotto-Briot

Sources 
Libre-commerce du blé et représentations de l'espace français
Les crises frumentaires au début du xixe siècle
Nicolas Bourguinat

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