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mardi 25 août 2020

Musée de l'outil - Tinténiac - le serrurier - les serrures dogon

Le serrurier - les serrures dogon

Aujourd'hui les accès, les ouvertures sont contrôlés par la vérification de l'iris de l'oeil, des empreintes digitales, par des codes et des combinaisons, des clés de plus en plus complexes... 
Les premières portes sont sécurisées par l’invention du verrou, simple tige de bois (le pêne) poussée dans une ouverture dans le montant fixe (la gâche).
le serrurier - clés - photo JM Bergougniou
 Ce verrou étant facilement manipulable, on eut l’idée de le bloquer par une cheville mobile de bois : c’est la naissance de la serrure.
Pour déverrouiller cette cheville, on fabriqua un outil comportant une dent (tige de fer) qui permettait de soulever la cheville. Puis, par déduction, on comprit alors que si cette tige avait plusieurs dents, elle pourrait soulever plusieurs chevilles : la clé était née.

Les serrures Dogon (Mali)

Chez les Dogon, l'agriculture est une activité importante. Avoir un ou des greniers à grains signifie richesse, sécurité, abondance. Il faut préserver ses biens, les greniers sont fermés par des portes et des serrures en bois très ornées.


serrure de porte de grenier dogon
photo JM Bergougniou

La serrure de grenier Dogon est une serrure en bois, composée d'un coffre-palastre (boîtier-boîte) et d'un pêne. Le coffre-palastre (le boîtier), rectangulaire, est surmonté de deux personnages assis. Ce sont sans doute des jumeaux, rappelant les jumeaux mythiques, symboles forts de la cosmogonie dogon.


clés -
 photo JM Bergougniou


La serrure se compose de deux pièces de bois .
- une partie fixe haute et étroite fixée sur la porte
- un penne qui la traverse jusqu'à la cavité ménagée à cet effet dans l'épaisseur du chambranle de la porte -une clef munie de trois dents qui viendront prendre place dans le penne pour le sortir de la cavité





Le décor des portes , volets et serrures de greniers ont des motifs symboliques
On choisit des motifs protecteurs , des représentations d'ancêtres , des animaux ou des motifs de fécondité , qui assure à la communauté une promesse d'abondance .



serrure dogon - photo JM Bergougniou

Quand le tracé est horizontal, c’est le chemin de l’eau ou de la parole, quand il est vertical, c’est le chemin de la pluie. Les bandes rectangulaires en haut peuvent signifier le ciel, les nuages, et en bas la terre. La croix, motif du carrefour, est en rapport avec les quatre points cardinaux et la personne orientée dans le monde. 

porte dogon - photo JM Bergougniou

Le carré est la représentation du monde. Les carrés dans le carré représentent la maison familiale, ginna. Les traits tissés peuvent signifier, selon le contexte, les écailles de serpent, de crocodile, ou les plumes d’oiseaux, ou encore le tissage à la main ou les champs cultivés. Le cercle signifie la lune. Les nombres ont eux aussi leur symbolique : trois est masculin et quatre est féminin, cinq évoque les ancêtres, sept est le chiffre du mariage (l’homme plus la femme), huit pour les jumeaux...

serrure dogon - photo JM Bergougniou
La porte de la maison dogon s’ouvre toujours vers l’intérieur, de gauche à droite, la partie fixe implantée à droite, côté des hommes.
C'est l’expression des deux genres dans sa fabrication même : l’utilisation de deux planches reliées entre elles qui s’emboîtent comme un homme et une femme, et également par les pivots dont l’un encastré dans le chambranle serait mâle, parce que proche de “dehors”, l’autre, côté “intérieur”, femelle 
Une serrure dogon est réalisée en fonction de la personne à laquelle elle est destinée. Ses traits y sont souvent représentés.

dimanche 23 août 2020

Le magasin à grains - Delamotte - Emile Cotto Tinténiac

Le magasin à grains

Delamotte - Dumesnil - Chantrel - Cotto




Le blé a toujours fait l’objet d’une attention particulière des dirigeants français.

Au Moyen-Âge la dîme consistait à prélever environ un dixième des récoltes agricoles pour les confier à l’Église afin d’anticiper des années de mauvaises récoltes. Le blé était plus particulièrement visé par ces précautions qui en disent long sur l’importance de cette céréale pour la sécurité alimentaire de la population.



Le 4 mai 1812, un décret impérial rétablissait des mesures classiques de police des grains : la déclaration obligatoire des réserves par les cultivateurs et les détenteurs de blé, ou l’interdiction de la vente hors marché. Le 8 mai, un deuxième texte ordonnait que soit fixé un prix-plafond pour toutes les transactions, variable selon les départements, mais en rapport avec un prix de référence valant pour les terres à blé du pourtour de Paris.


On attribue en général cet épisode de la politique économique de la France impériale, à une inspiration purement tactique de Napoléon, soucieux d’éviter des troubles sociaux sur ses arrières au moment où il partait pour la campagne de Russie. Le ravitaillement de l’armée avait moins d’importance qu’en l’an II. La France de 1812 était encore en position hégémonique en Europe continentale, et la Grande Armée pouvait se servir ailleurs, en ponctionnant les productions céréalières des États alliés ou vassalisés du grand Empire
Le commerce du grain restera donc réglementé...


Situé au bord du canal d'Ille et Rance, le magasin à grains est une construction en bois construite sur un vide sanitaire. Le bardage est constitué de planches de résineux s'appuyant sur une charpente de type hangar agricole. Composé de trois parties, la plus anciennes a été construite à la fin du XIXe siècle. 

Comme on peut le voir sur d'anciennes cartes postales, plusieurs hangars s'étalaient du pont à l'actuel musée. Certains ont servi de lieux de stockage jusque dans les années 1970.



Le site était fréquenté par les laveuses avant que ne soit construit le lavoir au-delà du bâtiment du magasins à grains. Elles pouvaient venir chercher l'eau de refroidissement du moteur du moulin juste derrière elles. Elles nommaient cet emplacement le "pertuis chaud".

Dans les années 1920 la partie centrale a permis d'agrandir le bâtiment avec un plancher pour permettre le séchage des grains et faire descendre le taux d'humidité. Enfin à l'extrémité la partie la plus récente date des années 1980.

Canal ou voie ferrée le combat s'engage avant que n'arrivent les camions.

Extraits de délibérations du conseil municipal de Rennes



Rennes 20 septembre 1857
La concession d'un réseau de trois lignes autour de Rennes est attribuée en 1896 à la Société Française de Chemins de Fer à Voie étroite représentée par Monsieur Faliès. Ce dernier crée une nouvelle société La Compagnie des Tramways à Vapeur d'Ille-et-Vilaine qui devient concessionnaire du réseau.

La ligne Rennes (Croix-Mission) - La Mézière - Saint-Malo (79km), a été ouverte en 1901 et fermée en 1950



Delamotte a installé son magasin face à la gare et installé le magasin à grains sur l'autre rive du canal.



L'inauguration du premier tronçon du tramway Rennes - Tinténiac aura lieu le 8 septembre 1901 avec l'organisation d'un concours de pêche.




En observant attentivement la carte postale de la gare de Tinténiac, sur la gauche, apparaissent les magasins de Delamotte. L'inscription est toujours visible aujourd'hui.


l'ancien magasin Delamotte aujourd'hui maison d'habitation
photo JM Bergougniou

l'ancien magasin Delamotte aujourd'hui maison d'habitation
 photo JM Bergougniou

l'ancien magasin Delamotte aujourd'hui maison d'habitation
photo JM Bergougniou

Sur les quais sont entreposés du bois et divers matériaux, des wagons sont stationnés en surplomb des quais à hauteur de la gare. On peut aussi remarquer que le quai du port se prolongeait bien au-delà de son emplacement actuel, presque jusqu'au niveau du pont.





Dans plusieurs numéros du bulletin paroissial une page de publicité est réservée au négociants de Tinténiac. Plusieurs marchands de grains y apparaissent donc Delamotte (Epicerie - quincaillerie -grains - bois du nord - matériaux de construction), Dumesnil (bois et ardoises mais aussi grains). Delamotte avait pour numéro de téléphone le 2 à Tinténiac.


On découvre aussi une fabrique de cordages en chanvre tenu par Joseph Flaux.




Le magasin à grains sera tenu jusqu'en 1978 par Emile Cotto puis par la Coopérative agricole de Rennes.




plaque des établissements Cotto -  photo JM Bergougniou


Grâce à Colette et Isabelle Cotto nous avons quelques images du magasin à grains en activité. Ces photos ont été prises le 15 août 1978 lors de la dernière saison d'activité.



Nous avons aussi des bordereaux d'achat de maïs à deux agriculteurs de Tinténiac : M. Houitte à Ligandière et M. Vallée au Pavé.









Sur cette photo du magasin (1978) deux tracteurs viennent décharger. Rentrée en marche arrière, la remorque pourra être déchargée dans la trémie.

Le magasin à grains - déchargement des remorques - collection Cotto-Briot

Il est prélevé des échantillons de grains dont l'humidité sera mesurée sont prélevé lors du déchargement.
Pour assurer leur bonne conservation, il est important de récolter des céréales propres et sèches. Et une fois stocké, le grain chaud doit ensuite être refroidi rapidement.

Le magasin à grains - la trémie et prélèvement - Emile Cotto père et fils collection Cotto-Briot

Plus le lot de céréales est propre et homogène, mieux il se conserve. Des tiges ou verdillons humides dans une masse de grains secs peuvent provoquer une réhumidification locale et donner naissance à un point chaud, qui entraîne une perte de masse et de qualité et déprécie la valeur du lot. Les grains abîmés sont une aubaine pour les insectes. Limiter leur nombre constitue déjà un premier pas pour contenir les populations. 

Le magasin à grains - séchage - Emile Cotto fils - collection Cotto-Briot

Une fois stocké, le grain chaud provenant du champ doit être refroidi très rapidement. Pour ce faire, deux types de matériel, adapté au stockage à la ferme, existent : la ventilation par soufflerie, ou système en pression, qui envoie de l’air dans le tas du bas vers le haut, et la ventilation par aspiration, avec les colonnes, qui fonctionnent en dépression. Avec ces dernières, le refroidissement se fera du haut du tas vers le bas.

Le magasin à grains - nettoyage- Emile Cotto fils
 - collection Cotto-Briot

Pour que le refroidissement soit performant techniquement et économiquement, il faut déclencher la ventilation quand l’écart de température entre le tas et l’air ambiant atteint 10°C avec une ventilation par soufflerie. Le respect de cet ordre de grandeur d’écart et une ventilation rapide après la moisson en s’assurant que l’air sorte bien du bâtiment (pas de recyclage d’air tiède et humide) diminuent les risques de condensation. Il est donc nécessaire de mesurer la température des céréales, à différents endroits du tas avec des sondes de thermométrie.


le pont bascule - Emile Cotto père -
collection Cotto-Briot

Sources 
Libre-commerce du blé et représentations de l'espace français
Les crises frumentaires au début du xixe siècle
Nicolas Bourguinat

samedi 22 août 2020

Le magasin à grains -Musée de l'outil et des métiers - Tinténiac

Musée de l'outil et des métiers - le canal et Tinténiac



Dès la fin du 17e siècle, le blocus maritime des ports bretons par les Anglais incite Louis XIV à favoriser la canalisation intérieure de la Bretagne. En 1782, le comte Pierre Marie Rosnyvinen de Piré présente l'idée d'un réseau intérieur de voies navigables aux États de Bretagne qui l'acceptent. 



Deux ingénieurs sont chargés d'étudier les liaisons possibles entre Vilaine et Rance : Monsieur de Brémontier et Monsieur Liard. La longueur prévue du canal entre Rennes et Dinan était de 76,5 kilomètres ; il devait compter 46 écluses, 110 ponts... Le montant des travaux était estimé par l'ingénieur Liard à 2 697 907 livres. 

Tinténiac - l'écluse - photo JM Bergougniou

Le site d'écluse du Pont à l'Abbesse est implanté au nord-est du village de Tinténiac et a constitué un carrefour de voies de circulation important au 19e siècle et au début du 20e siècle. 

le pont à l'abbesse 

Le canal y est en effet traversé par la route de Combourg à Bécherel et est bordé, en aval de l'écluse par de vastes quais de déchargement. L'ancienne gare du village était implantée à proximité de ces derniers, au sud.


Tinténiac - l'écluse - photo JM Bergougniou

St Marc-le-Blanc - Carrières -- photo JM Bergougniou


En 1803, Bonaparte prit la décision de construire les canaux bretons pour des raisons stratégiques liées à un nouveau blocus maritime anglais. Les travaux commencèrent en 1804 et le canal fut ouvert à la navigation le 10 juin 1832. La construction du canal se déroula en deux périodes, la période napoléonienne et la période de la Restauration, séparées par six années d'interruption (1816-1822).


St Marc-le-Blanc - Carrières -- photo JM Bergougniou


Durant les premières années, c'est un ingénieur des Ponts et Chaussées, Monsieur Luczot-Thébaudais, qui avait en charge le chantier. Les premiers ouvrages d'art datent de 1808. 



St Marc-le-Blanc - Carrières -- photo JM Bergougniou

La pierre de taille utilisée pour les constructions provenait des carrières de Saint-Marc le Blanc et Saint-Pierre de Plesguen. En 1811, le canal était achevé entre Melesse et Saint-Domineuc ; il était creusé sur 40 kilomètres et 30 maisons éclusières étaient achevées. Les travaux furent interrompus en 1816 et ne reprirent que vers 1821-1822.


La Madeleine -maison du canal  photo JM Bergougniou
Les travaux du canal durèrent 28 ans pour un coût total de 14 226 799 francs, soit 7 milliards de francs de la fin du 20e siècle.

L'Ille est canalisée jusqu'à son embouchure dans la Vilaine à Rennes alors que la Rance ne l'est que jusqu'à l'écluse du Châtelier, en aval de Dinan.



Les onze écluses -maison du canal  photo JM Bergougniou


Les sas des écluses ont 4,7 mètres de largeur entre les bajoyers (parois latérales d'une chambre d'écluse) et 26,3 mètres de longueur entre le sommet de l'arc du mur de chute et l'enclave des chambres des portes d'aval. La hauteur des ponts sous clef ou sous poutres est de 4 mètres sauf quelques uns construits sous le Premier Empire (1804-1814) qui ne font que trois mètres de hauteur.

Onze écluses - photo JM Bergougniou

(Loi du 14 Août 1822.) .
Montant de l'emprunt 6 millions.
Le canal d'IIle-et-Rance est destiné à ouvrir, au travers de la péninsule de la Bretagne, une communication navigable entre ia Manche et l'Océan, et à réunir les ports de Nantes, Brest et Saint-Malo. Il passe du bassin de l'Ille dans celui de la Rance, et traverse à Hédé le seuil qui sépare les deux vallées.
II s'étend sur les départements d'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord.
La Rance à Pleudihen - photo JM Bergougniou

Dans le département d'IIle-et-Vilaine, les anciennes entreprises, qu'on espérait voir se terminer dans la campagne de 1828, ont éprouvé quelques retards; mais les nouvelles marchent avec rapidité. Les projets des ouvrages qui restent à faire sont tous arrêtés, et la campagne qui va s'ouvrir donnera de grands résultats, si toutefois le règlement de quelques indemnités, qui ne sont pas encore soldées, ne vient pas apporter des entraves aux travaux. Les ouvrages de consolidation dés glacis du bief de partage, et le curement de ce bief, sont poursuivis toujours avec soin et succès. On applique le même système aux rigoles alimentaires.
les onze écluses -  photo JM Bergougniou


En 1860, il passait de 1100 à 1800 bateaux aux différentes écluses. C'est dans ces années que le trafic sur le canal connait son apogée, toutefois, l'arrivée du chemin de fer, puis le transport par route impliquent une diminution de ce trafic. 








Ces bateaux transportaient de 39 à 49 000 tonnes de marchandises. Ces marchandises étaient composées de houille, de coke, fonte, plâtre, chaux, ardoises, pierres de taille, briques, verres à vitres, bois, céréales, vins, cidres, pommes, épiceries, engrais, savons... 

Tous les ans le canal était fermé pour cause de travaux d'entretien pendant un mois environ ; il s'agissait d'une période de "chômage".
les onze écluses - la pêchetière -  photo JM Bergougniou



A partir de 1960, le trafic commercial est remplacé par un trafic de plaisance sur le canal. En 1979, l'État remet le canal d'Ille-et-Rance aux départements d'Ille-et-Vilaine et des Côtes  d'Armor.







Le quartier du Pont à l'Abbesse a été transformé par le creusement du canal. Le lit de la Donac a servi de ligne directrice à son tracé. Un nouveau pont est construit au près de l'écluse, les voies de circulation vont être réaménagées ou percées.



Face au quai de déchargement des péniches, des hangars en planches vont être construits pour le stockage des marchandises et du grain.