Rechercher dans ce blog

mercredi 31 août 2022

Le Moulin à blé noir

Le Moulin à blé noir

Les premières galettes  seraient apparues 7 000 avant notre ère. Alors on ne se souciait guère du type de graines ou céréales à moudre ou plutôt à écraser. Cette farine obtenue entre dans toutes les soupes et les bouillies. 
Cette "mixture" renversée sur une pierre chauffée au soleil ou dans le feu allait donner naissance à la galette.

Pourquoi ce nom de sarrasin? peut-être parce que ramené des croisades, ou peut-être encore lié à sa couleur foncée?








musée de l'outil et des métiers - galettier bilig - photo JM Bergougniou
En Bretagne, le sarrasin s’impose aux alentours des XVe/XVIe siècles, il en est fait mention pour la première fois en 1497, à Rennes, puis sa culture est attestée en 1502 à Saint-Brice-en-Coglès. On le rencontre ensuite en 1508 à Langouët, puis deux ans plus tard dans les environs de Quimper.



Graines de sarrasin

La graine est de forme triangulaire et renferme une amande farineuse blanche. Une fois broyé, la farine est de couleur grisâtre

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou

La graine de sarrasin doit être moulue pour être comestible ; sa forme triangulaire complique l'opération et nécessite un outillage spécial. 
Les graines sont  nettoyées, puis elles sont écrasées entre 2 meules.






Du moulin banal au moulin à blé noir





Le froment étant réservé aux classes aisées, nobles, bourgeois, riches propriétaires.
Le sarrasin, et notamment les galettes, a fait office de pain dans les bouillies et les soupes qu'il rendait plus consistantes.










Parlons de banalités qui ma foi n'en étaient pas 


Dans le système féodal, ce sont des installations techniques que le seigneur est dans l'obligation d'entretenir et de mettre à disposition de tout habitant. En contrepartie, ceux-ci doivent n'utiliser que ces installations seigneuriales, pour un prix qui est fixé par le seigneur. 

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou



Le sarrasin est traditionnellement moulu à la maison, à l’aide de petits moulins, cela depuis le XVIIIe siècle au moins. A l’époque, les moulins à blé noir se rencontraient dans plus de la moitié des foyers du pays: l’usage du moulin banal n’était pas une obligation pour le sarrasin, la farine de sarrasin échappait donc aux taxes des meuniers sous l’Ancien Régime.

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou

Aux XIXe et dans la première moitié du XXe siècles, le sarrasin est toujours transformé à la maison, à l’aide des mêmes moulins domestiques. Ceux-ci sont alors de deux types : la « charmante », souvent placée dans la salle commune de la ferme, et le moulin à bras, généralement fixé dans le grenier à grains, sur un chevron du toit. La farine de sarrasin se conservant mal, il était important de pouvoir écraser de petites quantités de sarrasin en fonction des besoins de chaque jour.


musée de l'outil et des métiers - la charmante - photo JM Bergougniou

La charmante

Dans la période de l’après-guerre, ce type de moulin était encore assez fréquent dans les fermes .
Ce moulin à blé noir se compose de deux sections débitées dans un tronc d’orme, et posées l’une sur l’autre. Le bloc inférieur est muni de trois pieds qui le soutiennent comme un billot de charcutier. Le bloc supérieur, qui sert de meule courante, est placé sur le bloc inférieur qui constitue la meule dormante. La meule courante est percée d’un trou central, par où l’on déversait le grain à moudre.

Le moulin à bras


musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou

La fabrication des moulins était artisanale, et nécessitait un savoir faire empruntant à celui du menuisier, du tourneur et des boisseliers. 

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou
Ce moulin à bras, destiné à moudre les grains de sarrasin, porte souvent une inscription donnant le nom de son fabricant.


musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou

Ce modèle de moulin, extrêmement compact et tout en bois, est très répandu dans les foyers bretons. Malgré sa petite taille, son rendement suffit à une famille. Le grain, versé dans le bol en bois cloué sur le dessus, était ensuite moulu, à la finesse souhaitée grâce au réglage des vis en bois placées à l’arrière. La farine obtenue était ensuite sassée à plusieurs reprises

Le moulin est composé d'une caisse en bois (souvent de hêtre parfois en fruitier) avec tenon pour le fixer sur une poutre.
un fond pour permettre le passage de l'axe pour actionner la manivelle

musée de l'outil et des métiers - confection de la partie conique - photo JM Bergougniou
Une partie conique est évidée pour pouvoir insérer la partie rotative. 

musée de l'outil et des métiers - lamelles métalliques - photo JM Bergougniou
Un trou permet de passer l'extrémité de la partie rotative - la meule - pour y fixer une manivelle. Dans cette partie fixe sont insérée des lamelles métalliques selon un angle déterminé pour permettre la mouture. Au sommet du corps du moulin, un trou permet de laisser passer les graines verser dans le bol. Un trou au dessous permet d'évacuer la farine.

musée de l'outil et des métiers - la meule- photo JM Bergougniou
La partie mobile de forme conique elle aussi est prolongée vers son extrémité par un axe qui recevra la manivelle. Des lamelles métalliques sont insérées dans le cône selon un angle différent que sur la partie fixe. 
La graine est moulue entre les lamelles métalliques, la partie mobile jouant le rôle de la meule.

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou
Une plaque avant va venir fixer l'ensemble corps-meule par une vis en bois dans chacun des angles. 

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou
Une vis de serrage en bois va venir serrer la plaque contre la partie rotative. Le serrage plus ou moins fort permet de régler la finesse de la mouture.

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou
Un bol - une manivelle - 5 vis en bois - un corps fixe avec lamelles métalliques - une meule conique avec lamelles métalliques - un fond - un devant

le musée expose l'atelier complet de M. Hamon, un fabricant qui a travaillé jusque dans les années 60 à Pleugueneuc.

Le Moulin à blé noir

- moulin à blé noir  Plihon Meillac - photo JM Bergougniou
Fabriqué en Bretagne, à Meillac (Ille-et-Vilaine), au début du siècle passé, il est entièrement en bois.
Sur la partie avant, 5 vis en bois: 4 vis dans les angles pour la fixation de la meule et une vis centrale pour le réglage de la mouture.

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir - photo JM Bergougniou
Les graines de sarrasin sont versées dans l'entonnoir du dessus, puis moulues par les dents en acier de la meule et la farine sort par la fente du dessous.
Sur la partie arrière se trouve la manivelle amovible.
Sur le côté droit on peut lire l'inscription suivante HAMON A PLEUGUENEUC

Quelques fabricants d'Ille et Vilaine

Il semble que les moulins aient été essentiellement fabriqués dans la partie nord du département d'Ille et Vilaine

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir Lanos Combourg - photo JM Bergougniou

  • Cagnard - Bazouges-la-Pérouse
  • Cagnard ou Caignard - Tréméheuc
  • Chavret - Dol de Bretagne
  • Gentil - Combourg
  • Hamon Louis - Pleugueneuc
  • Hamon Roger - Pleugueneuc
  • Jambon - Saint-Pierre de Plesguen
  • Lanos - Combourg
  • Plihon - Meillac

musée de l'outil et des métiers - moulin à blé noir Créhen  - photo JM Bergougniou

mercredi 24 août 2022

le sabotier musée de l'Outil et des métiers Tinténiac

le sabotier 

Les comptines sont nombreuses qui parlent de sabots, Georges Brassens s'en inspire pour écrire les sabots d'Hélène.

Les expressions sont aussi nombreuses comme "Je vous vois venir avec vos gros sabots", ou "avoir les deux pieds dans le même sabot".



Quand à notre bonne duchesse Anne de Bretagne, c'est vers 1880 qu'elle en est chaussée, image de celle  qui, essaie de maintenir vaille que vaille l'indépendance de sa chère Bretagne. Belle image de noble paysanne, fière de sa terre et de sa culture, mais tout n'est que légende. 





Les sabotiers, avant la mécanisation et l'arrivée des outils, travaillent directement en forêt ou à l'orée de celle-ci.

Le coup et les conditions du transport sont tels qu'il ne pourrait les supporter.


Il va donc négocier avec le propriétaire de la forêt l’abattage des hêtres nécessaires à la réalisations des sabots et son installation.


Il y habite avec sa famille dans des huttes de genêts.



musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou


Le bois ne doit être ni trop lourd aux pieds ni trop usant. Pas question de réaliser des sabots en chêne.


Les sabots des marins sont en bouleau car glissant moins sur le pont du navire que les autres essences.

Il faut sélectionner du bon bois de hêtre, hêtre sans noeud, du bois vert de préférence qu’il est nécessaire de travailler de suite sinon il dessèche et blanchit.


L’arbre sélectionné est alors débité en tronçons de 30 à 40 cm de longueur.

Chaque tronçon est ensuite fendu de l’écorce au coeur pour délimiter chaque sabot (6 sabots peuvent être extraits d’un tronçon de 40 cm de diamètre.




Chaque morceau est dégrossi avec une hache à ébaucher afin de lui donner sa forme générale 








musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou



puis il est travaillé au paroir sorte de couteau de grande taille manié à la main.





musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou

 


musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou



Les chevalets sont des outils précieux, l’un permet au sabotier de façonner , sans difficulté, l’extérieur du sabot au moyen du paroir, l’autre coince le sabot dégrossi le temps le temps que s’effectue l’opération de creuse. 


Ces chevalets étaient réalisés et montés sur place


Le sabotier attaque ensuite la creuse.





























musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou
Il utilise en premier la tarière puis les gouges encore appelées localement les cuillères.



Pour creuser le fond du sabot, il se sert du boutoir, outil coupant puis pour finir l’extrémité il manie la rouanne.





musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou
musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou


Le racloir permet de polir l’extérieur du sabot. De petits outils servent à la décorer comme la rainette.







Le bout du sabot est généralement relevé en nez de cochon.

Un bon ouvrier peut, avec des outils manuels, en fabriquer une paire de sabot en deux heures.


Du foin, de la paille d’orge, les sabots étaient prêts à l’emploi. Certains sabotiers faisaient du sur mesure adaptant le sabot au pied du futur propriétaire.



musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou

Des rites et superstitions amenaient le sabotier à l’utilisation du paroir à ne donner qu’un nombre de coups impairs 11 ou 13.

musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou







musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou


En 1841 un certain Durod invente le première machine à réaliser les sabots. Le métier s’en trouve profondément modifié.



musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou




musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou

musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou

A la fin de la guerre de 14-18 80% de la population des sabotiers va disparaître.

musée de l'outil et des métiers photo JM Bergougniou


Le déclin du sabot s'amorce après la Seconde Guerre mondiale avec la production massive de bottes en caoutchouc et en cuir.

Sources

« Si Pleugueneuc et ses environs m’étaient contés… »

N° 15 Avril 1999 Un ancien sabotier : André Deshayes