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jeudi 4 août 2022

Fougères grèves des chaussonniers l'exode des enfants 1906 1907

Fougères grèves des chaussonniers l'exode des enfants 1906 1907


II ne nous appartient pas de nous prononcer dès à présent. sur ce conflit douloureux qui a déjà amené tant de soucis pour les uns, tant de privations et de misères pour les autres. Mais assurément, quelqu'opinion que l'on ait sur les responsabilités, il est des victimes de ce tragique différend pour lesquelles on ne saurait montrer trop de pitié et de sollicitude ce sont les enfants des familles ouvrières, sans ressources, sans feu et sans pain par suite du chômage.


Pauvres enfants Ils ne sont pas respunsables des résolutions prises et pourtant ils sont les premiers & en souffrir. On en a vu tomber d'inanition & l'école I En présence d'une pareille situation, notre confrère M .Charles Frédouët  directeur de la « Tribune Ouvrière a eu l'excellente pensée d'offrir aux familles ouvrières fougeraises d'envoyer leurs enfants à Rennes, sûr que nos concitoyens sans distinction d'opinion, assureraient leur entretien garde, nourriture et logement.


L'appel a été entendu. Nombre de Rennais se sont fait inscrire, soit pour prendre un cv deux enfants dans leur famille, soit pour subvenir aux frais de leur entretien, L'élan est déjà admirable, mais il y a tant et tant de misères à secourir





Plus que l'organisation des soupes communistes, c'est une autre initiative des grévistes fougerais qui a surtout frappé l'imagination des contemporains : l'exode spectaculaire des enfants.

Sur la proposition des militants de la Bourse du Travail de Rennes, de nombreux enfants de grévistes sont en effet dirigés vers différentes villes. 

Le premier départ a lieu le 9 décembre vers Rennes. Une foule émue de douze à quinze mille personnes accompagne silencieusement les cent cinquante enfants à la gare. Pas un cri, aucun chant. Les enfants ont installés dans les wagons ; on leur distribue des brioches. Après le départ du train, la foule impressionnée mais digne et résolue se retire silencieusement

A Rennes, les enfants sont attendus par cinq mille personnes ; on les conduit en cortège, avec musique, jusqu'à la place de la mairie où ils sont remis à leurs familles adoptives. Quelques jours plus tard, un second départ vers Rennes est organisé et le député Benezech note dans L'Humanité :


J'ai assisté au départ. Je n'ai rien vu de ma vie de plus attristant. Les enfants portaient à la boutonnière leur procès-verbal d'identité et enlaçaient le cou des parents en larmes. La séparation fut déchirante, dans cette soirée pleine de brouillard et de pluie, où la mélancolie désolée des choses semblait s'harmoniser avec la tristesse des coeurs. Je comprends bien maintenant que la haine puisse entrer dans le coeur. Je ne l'excuse pas cependant ; mais pourquoi les riches font-ils pleurer les enfants dont ils exploitent si durement les parents ?.

D'autres départs ont lieu vers Paris, Laval, Saint-Brieuc, Saint-Nazaire, Nantes, Rouen ; environ cinq cents enfants y participent (parmi eux, la petite Marthe Morice, six ans, hébergée à Paris et qui ne reverra pas son papa !) Beaucoup d'autres petits fougerais étaient candidats au voyage mais, déjà atteints par la tuberculose, ils ont été refoulés lors de la visite médicale du départ !

avec des mouvements inverses lors des grèves à Flers
Partout, les enfants sont accueillis avec enthousiasme, leur arrivée donne lieu à des manifestations ; on leur fait chanter les chansons des grévistes ; ils racontent le combat de leurs parents ; les journaux donnent de leurs nouvelles. Ils se font ainsi les meilleurs ambassadeurs de la grève.

BnF Gallica

L'Ouest-Eclair 8-12-1906
L'Ouest-Eclair 9-12-1906

LA GRÈVE DES CHAUSSONNIERS FOUGERAIS DE L'HIVER 1906-1907 Claude Geslin

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