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13 mars 2023

la machine goodyear et la confection de la chaussure Musée de l'Outil et des métiers Tinténiac Blake McKay

la machine goodyear et la confection de la chaussure

Durant l'hiver 1906-1907  la ville de Fougères connait des grèves sans précédent chez les chaussonniers. Il faut dire que la ville s'est industrialisée depuis la disparition des chaussons. 
Plus de 10.000 ouvriers y travaillent dans une trentaine d'usines. 
Le Musée de l'Outil et des métiers de Tinténiac possède quelques machines utilisées dans la fabrication des chaussures.



L'industrialisation arrive en 1868 par l'arrivée de la machine à coudre américaine, la Blacke, grâce à l'industriel Hyacinthe Cordier. Suite à cela, tout un quartier de la ville, Bonabry, s'est développé grâce à l'industrie de la chaussure.




La fabrication à la main des chaussures fut la norme pendant très longtemps.

Bulletin des lois de la République Française
1er juillet 1897
C'est avec la révolution industrielle et le basculement d’une société artisanale à une société mécanisée pour que les machines viennent modifier radicalement la façon dont on réalise les chaussures



La machine McKay révolutionne la chaussure

Elle a été inventée en 1858 par Lyman Reed Blake (oui c’est lui qui a donné son nom à ce fameux montage)

Musée de l'outil - Machine United Company Paris -  photo JM Bergougniou
Blake, ou McKay comme on l'appelle aussi, est la première méthode de construction qui a sérieusement permis d'industrialiser la fabrication de chaussures. 



 Machine United Company Paris 
Voici l'histoire de son émergence et de son développement. Cet inventeur commença très jeune à travailler dans le monde des fabricants de chaussures (notamment pour son frère).


Musée de l'outil - Machine Singer 45K -  photo JM Bergougniou
Mais, c’est son expérience dans la société d’Isaac Singer qui fut un déclic.




Les machines qu’il installait dans les usines de fabrication de chaussures ne permettaient que d’assembler entre elles les différentes parties du dessus de la chaussure.






C’est lorsqu’il commença à réfléchir à mécaniser le lourd et long travail de couture à la main de la semelle à la tige qu’il développa sa fameuse machine.


Musée de l'outil - Machine à coudre - 
photo JM Bergougniou
La construction cousue Blake, ou McKay comme on l'appelle aussi, est la première méthode de construction qui a sérieusement permis d'industrialiser la fabrication de chaussures. Voici l'histoire de son émergence et de son développement

Musée de l'outil - Machine Blake Mc Kay- 
photo JM Bergougniou
Souvent; une machine est contrainte par le produit qu’elle doit fabriquer.

Parfois, la transformation du produit permet de grandement simplifier la machine.
C’est cette démarche qui a permis à Blake de mettre au point sa machine.

Elle proposait en effet une façon d’assembler ensemble semelle et tige très différente du cousu trépointe.

Musée de l'outil - Machine à coudre - photo JM Bergougniou

Tout simplement par ce que l’homme d’affaires Gordon McKay, voyant l’énorme potentiel de cette machine pour la fabrication de chaussures, acheta, en 1859, le brevet déposé par Blake.


Musée de l'outil - pied de biche- 
photo JM Bergougniou


Mais il en améliora aussi le fonctionnement (notamment pour la réalisation de la couture au niveau du talon et des orteils) avec l’aide de Blake avec qui il travailla jusqu’en 1874.
De 1864 à 1870, le nombre de paires de chaussures fabriquées avec la machine McKay passe de 5 à 25 millions.

En 1869, Charles Goodyear gère les finances et l’empire créé par son père.



C’est alors que le fabricant de chaussures James Hanan lui présente une machine à coudre les semelles qui est différente de toutes celles présentes sur le marché à l’époque.

Flairant le bon coup Charles acheta le brevet déposé par James !

Cette nouvelle machine offrait des avantages considérables par rapport à la méthode McKay déjà très populaire.

Mais elle était truffée de difficultés mécaniques.

Pour rendre à César ce qui lui est du, Goodyear Jr. ne se contenta pas d’acheter le brevet.

Musée de l'outil - Machine United shoe machinery Paris - 
photo JM Bergougniou
Il embaucha l’inventeur Auguste Destouy (qui avait cédé son brevet originel à Hanan) et un autre mécanicien nommé Daniel Mills pour travailler pour lui à l’American Shoe Tip Company et régler les problèmes de la nouvelle machine.

Par exemple, l’espace pour la réalisation des coutures entre la tige et la trépointe est très faible donc très compliqué à mécaniser.


Musée de l'outil - Machine United shoe machinery Paris - 
photo JM Bergougniou
Sous sa direction et, plus important encore, avec son soutien financier, les deux hommes ont travaillé et déposé pas moins de 7 brevets différents.

La mise au point fut particulièrement longue, car on parle souvent d’une trentaine d’années pour arriver à la machine finale.

Dans les années 1890, le nombre de chaussures cousues Goodyear passa de 12 à plus de 50 millions.


Sources

https://www.fiddlebase.com/shoe-making-machines/shoe-stitching-machines/

27 juillet 2022

Fougères la grève des chaussonniers 1906-1907 lock-out chaussure ouvriers montage couture

Fougères la grève des chaussonniers 1906-1907

Le musée de l'outil et des métiers de Tinténiac présente un atelier de cordonnier très complet qui permet d'évoquer le travail du cuir. 
L'Ille et Vilaine, important pays d'élevage, produit beaucoup de cuirs utilisés dans l'industrie de la chaussure.
Il est difficile de ne pas parler des grèves (suivies d'un lock-out) de 1906-1907 qui frappent les ouvrières et ouvriers des entreprises fougeraises.


le 11 février 1907 après 103 jours de grève et de lock-out, des accords sont conclus entre les syndicats ouvriers et le syndicat des patrons de la chaussure.
La France découvre la misère des ouvriers et des ouvrières fougerais.

Fougères

L'activité textile périclite dans le pays de Fougères dès avant 1850. On va se lancer dans la fabrication de chaussons de tresse de laine tissés sur une forme par des femmes.


 Progressivement on va adopter le feutre cousu à la main puis à la machine pour arriver enfin à la chaussure de cuir. Bien entendu on utilise les ressources locales que fournissent les tanneries. Fougères se spécialise dans les chaussures féminines.


La croissance est rapide : 9 fabriques en 1861, 35 ou 37 en 1899 qui emploient 11 000 personnes, de tailles très variables de l'entreprise familiale à la manufacture mécanisée.

Des mouvements syndicaux se produisent régulièrement et les deux syndicats de la chaussure (chaussonniers et coupeurs) obtiennent de la municipalité la création d’une bourse du travail en 1900, ce qui doit permettre de développer le syndicalisme dans les autres métiers (en particulier le bâtiment) ainsi que dans les centres voisins (carrières de granit, à Louvigné-du-Désert et dans le bassin du Coglès).

Après quelques accalmies, l’activité syndicale reprend en 1905 sous l’impulsion du syndicat des coupeurs. En 1906, les chaussonniers conduisent à leur tour plusieurs grèves victorieuses aux côtés des coupeurs et leur action apparaît de nouveau irrésistible. À tel point qu’ils présentent en août une nouvelle revendication visant l’unification des tarifs dans toutes les usines de la place. Ils se heurtent à un refus patronal catégorique.



C’est alors que le syndicat patronal décide de lancer une vigoureuse offensive. Il s’agit d’en finir avec le syndicalisme ouvrier, de le briser définitivement, du moins l’espère-t-on ! En octobre, un tarif général est
publié prévoyant l’unification des tarifs que les ouvriers réclamaient.





Mais il a été négocié entre le syndicat patronal et un syndicat ouvrier jaune qui compte à peine quelques dizaines d’adhérents, d’ailleurs pas tous chaussonniers. De surcroît, ce tarif propose dans son ensemble des prix inférieurs à ceux qui étaient pratiqués jusque-là.



L'Ouest-Eclair à partir de début novembre va relater les événements et l'évolution de la grève et du Lock-out.

Le lock-out ou la grève patronale, est la fermeture provisoire d'une entreprise, décidée par l'employeur pour répondre à un conflit collectif .


Fougères, 5 novembre

Par décision de la chambre syndicale des fabricants de chaussures de Fougères, en date de ce jour, vu que les ouvriers travaillant aux machines Boston, malgré les augmentations de salaires consenties, persistent à exiger plus encore et à ne pas reprendre le travail, les signataires informent que dans leurs usines tout travail cessera dans la huitaine, c'est-à-dire le lundi 12 novembre au soir pour tout leur personnel et ne reprendra que lorsque leurs exigences auront cessé.

Suivent tes signatures des patrons

Nous avions pu causer ce matin avec plusieurs ouvriers. En général, l'impression produite par les deux circulaires ci-dessus est mauvaise. Personne ne s'attendait à l'altitude prise du côté patronal. Plusieurs sont décidés cependant a maintenir les revendications et à faire la grève, convaincus que les patrons finiront par céder sur le point en litige comme ils ont cédé sur les autres. D'autres, et c'est le plus grande nombre souhaitent qu'un accord intervienne et qu'un conflit soit évité.



Du côté des patrons, on semble décidé à ne pas céder, l'acceptation des revendications ouvrières pouvant causer, à brève échéance, affirment-ils la chute de plusieurs fabriques incapables de lutter et de soutenir la concurrence dans ces conditions. M. Desrues, maire de Fougères, a, par une lettre adressée à la chambre syndicale des patrons, déclaré qu'il ne répondrait pas des suites des désordres qui pourraient éclater.

Ce matin, les patrons ont fait passer dans les fabriques des feuilles par lesquelles les ouvriers ou employés au mois déclaraient ne plus faire partie du personnel à partir du 6 décembre prochain au cas où le conflit se prolongerait. Presque tous ont signé cette déclaration.


Nous avons vu par ailleurs que tous les ouvriers à la semaine avaient reçu leurs huit Jours!

Un certain nombre de fabriques ont fermé leurs portes aujourd'hui les ouvriers n'ayant pas paru.

Dans les autres fabriques, le travail s'est ralenti, tous les esprits étant préoccupés par l'orage qui menace.

Le Lock-Out

Fougères, 6 novembre 1906

Ainsi que je vous lai annoncé hier soir, vingt-trois fabricants de chaussures ont répondu aux revendications ouvrières par une menace de fermeture de leurs établissements, si les ouvriers persistaient dans leurs exigences. On se rappelle qu'à la suite d'une campagne de la Bourse du travail, dans toutes les fabriques où les représentantes des syndicats s'étaient présentés, une augmentation très sensible avait été accordée presque sans difficultés pour plusieurs catégories d'ouvriers. Mais aujourd'hui les délégués ouvriers se heurtent à un refus d'augmenter les salaires en ce qui concerne les opérateurs des machines Boston. Cela tient, disent les patrons, à ce que nous sommes à la limite des concessions que nous pouvions consentir cette année.

Les patrons ont fait connaître aux ouvriers leur décision par des circulaires qui ont été affichées hier soir dans les fabriques.

En voici le texte

La chambre syndicale des fabricants de chaussures, saisie par la chambre syndicale des ouvriers cordonniers de réclamations concernant les tarifs de montage Boston, a élaboré et présenté le 26 octobre dernier un nouveau tarif en augmentation sensible sur les prix qui avaient toujours été payés, tarifs d'ailleurs acceptés par les équipes de plusieurs maisons.

Cependant un certain nombre d'équipes Boston se sont mises en grève le 31 octobre dernier, trouvant trop bas le même tarif. Nous avons alors porté ce qui suit à la connaissance de M. Jeusse, secrétaire adjoint de la chambre syndicale des ouvriers cordonniers le samedi 3 novembre.


« Nous soutenons et nous pouvons prouver avec chiffres à l'appui que le tarif soumis nous grèvera dans le courant de l'année de sommes importantes et surtout pour la saison en cours ou nos ventes sont faites et sur lesquelles il n'y a plus à revenir. 

Après ces concessions, nous déclarons, quoiqu'il arrive, ne pouvoir faire davantage et puisque les monteurs en grève persistent à ne pas reprendre le travail, nous déclarons nous solidariser avec notre collègue en cause (M. Pitois) et prendre nos dispositions pour la fermeture générale. »

A suivre...


Sources
L'Ouest Eclair


LA GRÈVE DES CHAUSSONNIERS FOUGERAIS DE L'HIVER 1906-1907 Claude Geslin