Le Musée de
l'Outil et des métiers de Tinténiac : "la belle ouvrage".
En bordure du
canal d’Ille-et-Rance, pour profiter des transports par péniches.,
dans les anciens bâtiments en bois construits dès la fin du XIXe
siècle par des négociants en grains qui y stockaient engrais et
intrants agricoles, le Musée de l’Outil et des Métiers retrace au
travers d’outils et machines le travail des artisans ruraux qui,
pendant des siècles, ont participé à la vie économique des bourgs
et aux progrès techniques, par leur savoir-faire.
11 métiers et plus de 3000 outils qui permettent de faire revivre les techniques
ancestrales des artisans : serrurier, forgeron, maréchal-ferrant,
menuisier, charron, bourrelier, cordonnier, sabotier, cerclier,
tonnelier, cordier, atelier de fabricants de moulins à blé noir de
Louis et Roger Hamon, collection de moulins à blé noir, et à
café.
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le ban à rais photo (c) JM Bergougniou |
Les bâtiments
du Musée de l’Outil et des Métiers de Tinténiac sont divisés en
plusieurs espaces. Divers ateliers sont présentés, reconstituant
l’ambiance de l’époque avec l’ensemble des outils nécessaires,
les machines utilisées et les pièces réalisées à différents
stades de leur fabrication.
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Machine à coudre photo (c) JM Bergougniou |
Ainsi, l’atelier du bourrelier montre
la couture à la main et la fabrication du collier de cheval ; pour
le charron, la fabrication de la roue; avec l'atelier de Louis et
Roger Hamon vous découvrirez la fabrication du moulin à blé noir
qui moulu servira à réaliser les galettes.
Les artisans
n'étaient pas que des ouvriers, ils étaient formateurs et
enseignaient les apprentis qui devenaient des compagnons, ces
derniers faisaient fréquemment le tour de plusieurs patrons pour
bien apprendre le métier et les méthodes de chacun, c’est ensuite
qu’ils devenaient artisans, la boucle était bouclée.
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le dire c'est bien, le fer c'est mieux! photo (c) JM Bergougniou |
Une visite est toujours un voyage dans le
temps pour découvrir, ou redécouvrir, les métiers qui faisaient
vivre tous les bourgs des campagnes.
Il ne paie pas de mine ce musée situé
dans l'ancien magasin à grains le long du canal, le dernier
commerçant fut Emile Cotto qui cessa son activité en 1980. La
municipalité alors rachète les locaux situés au bord du canal d'Ille et Rance.
Le musée de l'outil et des vieux
métiers renferme des trésors rares.
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Dominique Provost au musée photo (c) JM Bergougniou |
La collecte commence dans les années
1950. C'est avec patience , qu'entouré d'anciens artisans, dont les
rangs sont de plus en plus clairsemés, que Dominique Provost a réuni
une collection absolument extraordinaire d'outils anciens : des
milliers d'instruments en bois, métal, en cuir, des machines à
coudre...
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l'enclume photo (c) JM Bergougniou |
Mis en scène dans des ateliers
reconstitués avec soin, ils font découvrir les techniques, les
réalisations, l'art de ces artisans présents dans tous les bourgs de
nos campagnes et dans les villes avant le moteur à explosion,
l'industrialisation, le modernisme et l'électricité ne viennent les
faire disparaître
« Si quelqu'un qui connaît le métier
vient, il peut s'installer et travailler. Il y a tout ce qu'il faut.
On a l'impression que le cordonnier est parti boire un coup au
bistrot d'à côté et qu'il va revenir »
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création d'une chaussure photo (c) JM Bergougniou |
L'atelier du cordonnier est
particulièrement remarquable, avec des travaux commencés et des «
réclames » de l'époque. On y découvre les chaussures, les
galoches, les brodequins, les formes, les semelles, les ébauches, le
cuir, les fers, la maille.
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le godillot, la maille et la marguerite photo (c) JM Bergougniou |
En Bretagne qui ne connait la chanson
"sont sont les gars de Locminé qu'ont de la maillette sans
dessus dessous, sont sont les gars de Locminé qu'ont de la maillette
dessous leurs souliers."
La maille ou maillette sont de petits
clous qui, comme les fers, permettaient d'éviter l'usure trop rapide
des semelles, et assuraient une bonne adhérence en tous terrains.
On en apprend sans cesse sur
l'utilisation des outils mais aussi sur tout ce qui faisait la
richesse et le savoir-faire des artisans.
Des noms à faire rêver qui se sont
perdus
Si les vitrines renferment des
merveilles, on sera ébahi par la diversité des noms pour des outils
qui, à première vue se ressemblent tous.
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le serrurier photo (c) JM Bergougniou |
Par exemple, dans une vitrine une
multitude de compas : du « maître à danser » qui mesure
l'intérieur et l'extérieur, au grand compas en fer forgé, en
passant par le compas d'horloger on va découvrir le compas
d'épaisseur, le compas de tonnelier, les compas d'intérieur droit,
à ressort, ceux pour réduire en largeur la douelle, le compas de
rapport, le palmier, pieds à coulisse, trusquins et autres
roulettes.
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le serrurier photo (c) JM Bergougniou |
Du compas au tonneau
Ce sont nos ancêtres les Gaulois qui,
dit-on, auraient inventé le tonneau.
Chez le tonnelier, on connait fûts et
barriques, baquets et seaux, mais qui connait la velte qui servait à
mesurer la quantité de cidre dans les tonneaux? L'atelier du
tonnelier présente ainsi un spécimen de fût de plus de 1 100
litres.
Conserver
un liquide est difficile quand les quantités sont importantes,
jarres et amphores montrent leurs limites quand les agriculteurs
commenceront à produire du cidre, du vin, de la bière.
Le
Tonnelier fabrique également des barils, des barillets pour le
vinaigre ou des salaisons mais encore des cuves à lessiver, des
barattes à beurre et bien d’autres choses encore.
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le tonnelier photo (c) JM Bergougniou |
La
fabrication des tonneaux n’a guère évoluée depuis plus de 2000
ans. Pour confectionner un tonneau, le tonnelier a besoin d’une
vingtaine de « douves ou douelles » façonnées dans des
merrains, (bois de chêne découpées en planche) séchées pendant
deux ans environ. Réunies en couronne, les douelles sont ceinturées
et trempées pendant une ou deux nuits pour leur donner la courbure
souhaitée.
Ensuite,
il faudra chauffer le bois pour serrées les douelles à l’aide du
bâtissoir puis les cerclées avec du baliveau de châtaigner et lié
avec de l’osier comme auparavant. Aujourdhui, le cerclage se fait
avec des feuillards qui sont rivetés.
Pour
ce faire le tonnelier emploiera différents outils :
l’herminette ou asse, le bâtissoire ou cabestan, la bondonnière,
le tire fond, le cauchoir, le chien ou tire, la colombe, le banc, la
plane droite ou courbe, la curette, le maillet, le racloir, le
trusquin, la varlope, le jabloir ou rat, le com.pas…
Le bourrelier
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le cbourrelier les outils (c) JM Bergougniou |
Les chevaux
étaient présents en ville comme à la campagne, les transport se
faisait en diligence, en charette, en char à banc, le labour, le
débardage, le halage avec des chevaux. Collier, selles harnais,
oeillères, lanières, rênes, licol et bricole étaient l'oeuvre du
bourrelier.
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le bourrelier les rembouroirs photo (c) JM Bergougniou |
Dans l'atelier du bourrelier on va
découvrir comment fabriquer un collier, comment le remplir avec un
bourroir. Du fil et des aiguilles, des alènes, du cuir et du bois et
ces grosses bobines de ficelle en papier. En effet, pendant la
Seconde Guerre mondiale et dans les années qui ont suivi, face à la
pénurie, on fabrique de la ficelle et même de la corde avec du
papier.
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le charron le moyen photo (c) JM Bergougniou |
Le musée présente une multitude
d'autres choses. On y retrouve d'autres métiers : serrurier,
maréchal-ferrant, forgeron, ferblantier, charron, menuisier,
cerclier, tonnelier, sabotier, cordier, travail du lin. Au total, 3
000 outils au bas mot.
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le charron le banc à fabriquer les rais photo (c) JM Bergougniou |
Petit musée
sur la vie locale pour découvrir un passé pas si lointain. Il nous
permet de revivre les techniques ancestrales des artisans :
serrurier, forgeron, maréchal-ferrant, charron, bourrelier,
cordonnier, sabotier et sa formidable collection de 1925, cerclier,
tonnelier.
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le cordonnier et le cirage photo (c) JM Bergougniou |
Des objets
insolites se rencontrent à foison comme une brosse à cirer le
parquet, des pinces à sucre utilisées dans les commerces pour
casser les pains de sucre de plusieurs kilos.
Tous ces
métiers qui se pratiquaient à échoppe ouverte contribuaient à
l'animation des rues et leur évocation recrée l'ambiance d'un gros
bourg actif jusqu'au début du siècle.
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du fil à coudre photo (c) JM Bergougniou |
A la question de savoir combien d'outils
différents le musée renferme, Dominique Provost, le créateur du
musée, avoue : « Des milliers, sûrement, mais je ne sais pas
plus précisément. » Une collection impressionnante.
Le musée est organisé en une bonne
dizaine d'ateliers où les différents métiers sont représentés
avec les outils, les machines, des documents tout comme des contrats
de travail, d'apprentissage...
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l'atelier su serrurier photo (c) JM Bergougniou |
On trouve ainsi le bourrelier, le
maréchal-ferrant, le charron, le tonnelier, le cordier, le
ferblantier, le sabotier, le cordonnier, le travail du chanvre et du
lin, la fabrication des moulins à sarrasin...
les pinces à sucre.
Quatre modèles sont exposés. Elles
étaient utilisées dans les commerces pour casser les pains de sucre
de plusieurs kilos. « C'était utilisé avant la création du
sucre en pierre, vers 1914. » La grosse pince ressemble à des
fers. À la maison, pour recasser les morceaux achetés, on prenait
d'autres pinces qui ressemblaient à des sécateurs. La plus ancienne
au musée, une belle pièce en fer forgé, date de la fin du
XVIIIe siècle.
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le cordonnier les modèles de semelles photo (c) JM Bergougniou |
Des poids et des mesures
Nous sommes habitués au mètre, au kilo;
au litre... l'occasion de se faire une idée des mesures utilisées
sous l'Ancien Régime. Il y avait la ligne qui correspond à 2,255 mm
du système métrique ; 12 lignes égalent un pouce et 12 pouces un
pied. Mais attention : le pied variait selon les régions. Celui
de Champagne était de 33 cm, celui du Piémont, de 51 cm et des
poussières.
« Ces mesures n'ont pas complètement
disparu. Aujourd'hui, les cadrans de montres ou d'horloges sont
toujours calculés en lignes et en pouces. Et bien souvent,
elles ont été utilisées par les artisans jusque dans les années
1950-1960. »
J'aime la galette savez-vous comment?
Après le décès de M. Roger Hamon, que
André Gaucheron avait rencontré fin des années 1980, la famille a
proposé au Musée de l’outil et des métiers de Tinténiac la
totalité du matériel et de l’outillage qui composait l’atelier
du fabricant de moulins à blé noir à Plougueneuc, sans doute le
dernier fabricant de ces moulins.
C'était l'occasion de mettre en
place au musée un nouvel atelier, celui de la fabrication des
moulins à blé noir où l’on peut voir toutes les machines
nécessaires à leur réalisation, les différentes étapes de
fabrication ainsi qu’une collection de ces moulins. Certains sont
signés, beaucoup sont anonymes. Tous ces éléments permettent de
faire une exposition qui est peut-être unique ; en effet, les
ateliers de fabricants de moulins à blé noir, recensés par M.
André Gaucheron, ont disparu depuis longtemps.
Le Musée peut présenter une exposition
« Autour du Blé Noir » (semer et récolter du blé noir,
exposer les fléaux qui servaient au battage, ramassage de la graine,
obtention de la farine avec ces moulins spécifiques, fabrication de
la galette de sarrasin).